Gardiennes et gardiens de la forêt : la cueillette respectueuse

Souvenir d’une journée de cueillette

Souvenir d’une journée de cueillette

Cueillir oui, mais dans le respect de la forêt, de la nature, des autres êtres vivants, des éléments.

Toutes les plantes font partie d’un écosystème et peuvent être l’habitat ou l’aliment d’un animal ou d’un insecte.

Cueillir sa propre nourriture en forêt, à long terme, ça peut nous permettre de retrouver une autosuffisance et une alimentation locale. Mais encore faut-il qu’on apprenne comment bien le faire pour que la ressource se régénère et que la pratique de la cueillette soit durable. 

Alors voici quelques conseils pour nous guider tous :

Cueillir en respectant la capacité de régénération des plantes

  • Ne cueillez que des plantes qui poussent en abondance dans le lieu où vous êtes et qui semblent en santé (donc pas la petite plante toute seule dans son coin qui essaie de survivre!)

  • Ne cueillez jamais plus que le 1/3 de ce que vous avez devant vous (fruits, feuilles, plants entiers). Même si les fruits et les fleurs semblent être abondants, rappelons-nous que ce sont aussi les aliments de nombreux oiseaux, animaux et insectes (pollinisateurs notamment!). De plus, les fruits contiennent les graines et les plantes ont pour la plupart besoin que ces graines soient dispersées pour leur reproduction (à travers, entre autre, le processus de digestion et les excréments des animaux…)

    Concernant les pousses et les feuilles, sachez que la plupart des plantes ont besoin de faire de la photosynthèse pour survivre et c’est souvent les feuilles qui assurent ce processus.

    Finalement, cueillez avec grande parcimonie les racines puisque cela tue nécessairement la plante. Laissez toujours les racines en terre si votre objectif est seulement de cueillir les feuilles, fleurs, graines, etc. (Il en va de même de l’écorce des arbres. Cueillir tout autour du tronc de l’arbre peut le tuer. Il vaut mieux cueillir l’écorce sur les branches, ou alors de façon verticale sur le tronc, et non horizontale).

  • D’une année à l’autre, changer vos lieux de récolte, pour donner un temps de pause à la terre.

Cueillir seulement ce dont on a besoin et éviter le gaspillage

  • Cueillez seulement ce dont vous avez besoin, et surtout ce que vous êtes capables de traiter (cuisiner, congeler, sécher, entreposer, etc.). Autrement, si vous cueillez en trop grande quantité sans avoir de plan, il y a de fort risques qu’une grande partie de votre récolte ne pourrisse et se retrouve à la poubelle… (ou au compost à tout le moins !)

  • Assurez-vous d’avoir identifié la plante avant de la cueillir, et non l’inverse. Cela évite que les plantes ne soient parfois jetées lorsque les personnes réalisent qu’elles ne peuvent les utiliser. Cela évite aussi de cueillir une espèce menacée ou vulnérable sans le savoir. À cet effet, d’ailleurs…

Renseignez-vous sur les espèces menacées et vulnérables à la récolte

  • Prenez le temps de vous renseigner sur les espèces menacées et vulnérables à la récolte (exemple : gingembre sauvage ou asaret du Canada, ail des bois, matteuccie fougère-à-l’autruche d’Amérique, etc.). Vous pouvez consulter le site du Ministère de l’environnement et de la lutte contre les changements climatiques qui liste les espèces à statut particulier et les règles les concernant (ex : cueillette de maximum 5 spécimens par année, pour son usage personnel, etc.) Une espèce est considérée vulnérable à la récolte lorsque la cueillette exerce une pression pour sa survie en raison de sa valeur commerciale sur les marchés de l’alimentation et de l’horticulture.

  • Sachez aussi que certaines espèces, sans être menacées ou vulnérables, ont une croissance très lente (c’est le cas par exemple de certains lichens et de plantes qui poussent dans les régions plus nordiques du Québec). De même, certaines plantes constituent la nourriture exclusive de certains êtres. C’est le cas par exemple de l’asclépiade commune dont se nourrit la chenille du monarque, un papillon menacé. La cueillette de ces espèces devrait se faire avec parcimonie.

Cueillez dans les endroits appropriés   

  • Ne cueillez que dans les endroits où cela n’est pas interdit. Par exemple, il n’est pas permis de cueillir dans les parcs nationaux en raison notamment de la mission de préservation et de conservation de ces parcs (comme pour tout autre lieu de conservation d’ailleurs). Même si la plante vous apparaît être en abondance, à la quantité de personnes qui passent dans ces parcs, permettre la cueillette résulterait dans une diminution drastique du nombre de plantes.

  •  S’il s’agit d’un terrain privé, obtenez la permission du propriétaire avant de cueillir et offrez de partager votre récolte avec ce dernier.

Le sans trace en forêt

Pensez au sans trace en forêt, et même à laisser une trace positive : par exemple, ramassez les déchets que vous voyez en chemin. Je traîne souvent un petit sac avec moi à cet effet lors de mes courtes randonnées.

Pour plus de détails, consultez Sans trace Canada.

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Redonnez à la nature et passer les connaissances au suivant

À l’automne, redonnez à la nature en aidant les plantes à disséminer leurs graines (par exemple, cueillir les fruits séchés qui contiennent les graines et les disséminer dans des lieux appropriés). 

Et j’ajoute pour finir les paroles d’un des participants à mes randonnées, paroles que j’ai trouvées très justes : « Passer les connaissances et le respect de la nature à ceux qui nous entourent ! Parfois, la cueillette irresponsable n'est pas une question de mauvaise foi, mais bien d'ignorance ! »

Alors n’hésitez pas à partager cet article et vos connaissances à vos proches !

Laurence, fondatrice d’Un goût de forêt

Des questions ? Des commentaires ? Écrivez-nous par courriel à ungoutdeforet@gmail.com

Faites de votre mieux jusqu’à ce que vous sachiez ce qui est mieux, ensuite, lorsque vous savez ce qui est mieux, faites-le.
— Maya Angelou
Laurence Burton